.....je deviendrais dune lascive aux confins d'un désert.....

Pour paraphraser Gérard  de Nerval , je dirais :

«Moi j'ai perdu royaume après royaume et province à province, la plus belle moitié de l'univers, et bientôt je ne vais plus savoir où réfugier mes rêves ; mais c'est le désert que je regrette le plus d'avoir chassé de mon imagination pour le loger tristement dans mes souvenirs.»

......la dernière sur la terre............

Un jour pas si lointain ,

Quand l'Homme aura rempli l'espace ,
De toute son importance
Laissé disparaître toute espèce
Etrangère à la sienne ,
Quand sa vanité sans borne
Libérée d'autres vies
Se sera annexée
La dernière motte de terre,
Le dernier grain de sable ,
Quand rien ne lui fera plus d'ombre,
Ni la feuille d'un arbre
Ni le moindre brin d'herbe ,
Quand l'eau vaudra de l'or
Et l'air ne sera plus
Que du vide empesté ,
Quand réservée aux riches

Ne poussera qu'une seule fleur...

.....................ce serait celle des profondeurs.........

Comme d'autres ont la passion de la montagne et du ski , moi c'est la mer ,

 ce n'est pas un scoop...et la plongée , çà c'en est un....pas la grande...la professionnelle avec bouteilles et tout le barda...non...quoique ça m'aurait bien plu , mais hélas  , je n'ai jamais trouvé le temps de m'y intéresser sérieusement...non...la simple...avec masque , tuba et palmes...en apnée. J'ai choisi la plupart de mes destinations touristiques en fonction de cette passion....mon petit matériel dans un coin du sac à dos ou de la valise...dans un paysage tropical , on s'attache le plus souvent à la blancheur du sable.....aux palmiers le long des plages...à la beauté du ciel qui se reflète dans la limpidité des eaux.....alors que la véritable splendeur est dessous , il faut pénétrer le miroir....comment décrire le délice d'entrer dans la tiédeur salée....de mouillerle masque pour éviter la buée avant de se le fixer en ventouse sur le visage....passer le tuba dans la courroie de caoutchouc et serrer l'embout dans les dents...se laisser aller dans le silence...seulement un léger bourdonnement d'oreille.....ouvrir grand les yeux et les emplir de la féerie d'un spectacle sublime à votre seule intention.....tendre la main pour frôler les poissons multicolores peu farouches qui viennent se coller à la vitre....glisser en apesanteur pendant des heures dans un rêve éveillé que la plus riche des imaginations aurait peine à approcher....de ma vie je n'ai jamais rien vu  qui puisse rivaliser à pareil enchantement... J'aurais peine à choisir celles que j'ai préférées... Peut-être Nosi-Be...et le fabuleux ballet de ses milliers d'étoiles de mer écarlates...ou alors.l'eau cristalline et le feu d'artifice chatoyant des coraux aux Bahamas...ou bien encore l'île de Cebu aux Philippines....où j'ai failli me noyer en allant trop profond chercher coquillages porcelaines  et autres cnidaires...sans oublier...les ombres bleutées fantasmagoriques autour des épaves de l'île de la Tortue au large d'Haïti....et bien d'autres encore.....difficile à dire....mais j'aime autant vous prévenir ,quand on a goûté ne serait-ce qu'une seule fois à ce régal...c'est irréversible..

..........il éclairerait l'obscurantisme.............

Tôles brûlantes....chauffées à blanc...

sous l'impitoyable soleil Saoudien de ce début d'après-midi fin août 75 ,   en milieu de piste sur le tarmac de l'aéroport de Djedda .

Pour ceux qui l'ignorent , l'aéroport et le port de Djedda en bordure de Mer Rouge desservent  les villes saintes de La Mecque et de Médine...hauts lieux ultra sacrés de l'Islam.....Le vieux Boeing 707 de la Yemen Airways s'y est posé il y a un peu plus de deux heures pour une escale technique avant de poursuivre son vol vers Orly..

L'appareil s'est immobilisé à quelques centaines de mètres des bâtiments de l'aéroport...par le hublot j'ai vu arriver un autobus et des véhicules militaires , le commandant de bord par l'intermédiaire des hauts parleurs demande instamment aux voyageurs Européens de ne pas quitter leurs sièges.....seuls les ressortissants musulmans sont autorisés à descendre  pour se rendre dans la zone transit climatisée...les infidèles devront prendre leur mal en patience .....furtivement me revient l'image de la jeune passagère se faisant brutalement arracher la petite croix qu'elle portait au cou par un fonctionnaire zélé au départ de Sanaa....notre absence de réaction stupéfaite tandis qu'il jetait par terre en vociférant des mots incompréhensibles le bijou scandaleusement blasphématoire......
Moteur et courant coupé la chaleur est vite devenue insupportable....livrés à nous-mêmes , confinés dans un espace déserté de tout personnel navigant  qui ressemble de plus en plus à l'intérieur d'un micro onde , chacun lutte comme il peut contre la touffeur accablante....les plus atteint baignent dans leur transpiration , rouges violacés  , la bouche ouverte et haletante comme des poissons hors de l'eau , certains semblent avoir perdu connaissance...d'autres ont réussi à ouvrir les portes pour voir immédiatement à travers l'atmosphère vibrante les militaires postés tout autour les mettre en joue , leur intimant l'ordre implicite de disparaître de l'encadrement ..d'autres encore , dont je fais partie , sont partis en quête de tout ce qui pouvait ressembler à de l'eau....pour boire et s'asperger...la température devait avoisiner les cinquante degrés....le supplice a duré quatre heures...un miracle que tout le monde ait survécu....heureusement il n'y avait ni vieillards ni bébés...

Pourquoi je vous raconte tout ça.....parce que trente ans après je retrouve la même angoisse...à la lumières des événements des derniers mois , des dernières semaines , des derniers jours....je me demande si une croyance quelconque peut vraiment  se permettre de mépriser à ce point ceux qui ne la partagent pas....je me demande aussi à partir de quel moment et de quel fait tangible peut-on raisonnablement parler de manque de respect....

..........................................à l'autre bout du monde.........

          Souvenir d'enfances....

visages qui se perdent dans le temps , sourires effacés, regards profonds ou fuyants...saisis aux vols entre deux gares routières...entre deux fleuves.....entre deux hôtels......centaines d'endroits aux noms oubliés.....dates qui se mélangent...mémoire en défaut....juste la subsistance d'une fugace présence sur papier glacé....