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    ..........il éclairerait l'obscurantisme.............

     

    Tôles brûlantes....chauffées à blanc...

    sous l'impitoyable soleil Saoudien de ce début d'après-midi fin août 75 ,   en milieu de piste sur le tarmac de l'aéroport de Djedda .

    Pour ceux qui l'ignorent , l'aéroport et le port de Djedda en bordure de Mer Rouge desservent  les villes saintes de La Mecque et de Médine...hauts lieux ultra sacrés de l'Islam.....Le vieux Boeing 707 de la Yemen Airways s'y est posé il y a un peu plus de deux heures pour une escale technique avant de poursuivre son vol vers Orly..

    L'appareil s'est immobilisé à quelques centaines de mètres des bâtiments de l'aéroport...par le hublot j'ai vu arriver un autobus et des véhicules militaires , le commandant de bord par l'intermédiaire des hauts parleurs demande instamment aux voyageurs Européens de ne pas quitter leurs sièges.....seuls les ressortissants musulmans sont autorisés à descendre  pour se rendre dans la zone transit climatisée...les infidèles devront prendre leur mal en patience .....furtivement me revient l'image de la jeune passagère se faisant brutalement arracher la petite croix qu'elle portait au cou par un fonctionnaire zélé au départ de Sanaa....notre absence de réaction stupéfaite tandis qu'il jetait par terre en vociférant des mots incompréhensibles le bijou scandaleusement blasphématoire......
    Moteur et courant coupé la chaleur est vite devenue insupportable....livrés à nous-mêmes , confinés dans un espace déserté de tout personnel navigant  qui ressemble de plus en plus à l'intérieur d'un micro onde , chacun lutte comme il peut contre la touffeur accablante....les plus atteint baignent dans leur transpiration , rouges violacés  , la bouche ouverte et haletante comme des poissons hors de l'eau , certains semblent avoir perdu connaissance...d'autres ont réussi à ouvrir les portes pour voir immédiatement à travers l'atmosphère vibrante les militaires postés tout autour les mettre en joue , leur intimant l'ordre implicite de disparaître de l'encadrement ..d'autres encore , dont je fais partie , sont partis en quête de tout ce qui pouvait ressembler à de l'eau....pour boire et s'asperger...la température devait avoisiner les cinquante degrés....le supplice a duré quatre heures...un miracle que tout le monde ait survécu....heureusement il n'y avait ni vieillards ni bébés...

    Pourquoi je vous raconte tout ça.....parce que trente ans après je retrouve la même angoisse...à la lumières des événements des derniers mois , des dernières semaines , des derniers jours....je me demande si une croyance quelconque peut vraiment  se permettre de mépriser à ce point ceux qui ne la partagent pas....je me demande aussi à partir de quel moment et de quel fait tangible peut-on raisonnablement parler de manque de respect....

     


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    ..........................................à l'autre bout du monde.........

     

              Souvenir d'enfances....

    visages qui se perdent dans le temps , sourires effacés, regards profonds ou fuyants...saisis aux vols entre deux gares routières...entre deux fleuves.....entre deux hôtels......centaines d'endroits aux noms oubliés.....dates qui se mélangent...mémoire en défaut....juste la subsistance d'une fugace présence sur papier glacé....

     


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    ...................je serais Betelgeuse.........

    Août 73

    Le vieux Greyhound brinquebalant ...

    réformé des lignes US , récupéré pour finir sa carrière sur les péruviennes , s'immobilise dans un frémissement pathétique de ferraille rouillée après une embardée vertigineuse à l'aplomb de l'océan sur le bas-côté aride et rocailleux de la route déserte .

    Il fait nuit , il fait froid.....nous avons quitté Lima en direction d'Arequipa depuis la veille au soir , nous nous traînons depuis des heures sur la légendaire panaméricaine en bordure de la Cordillère des Andes sans croiser âme qui vive .

    Indifférents à la cause de l'arrêt , nous prenons le bon côté de la chose et ne sommes pas mécontents de descendre un moment du cercueil roulant pour respirer un peu d'air frais et nous dégourdir les jambes , perdus au milieu de nulle part dans un paysage lunaire d'une beauté glaciale.

    Je suis transi de froid , je me drape un peu plus dans les pans de l'épais poncho de laine acheté la veille sur un marché , nous remontons le long du bus pour nous enquérir sur la gravité de la panne.....un pneu a éclaté , guère étonnant au vu de l'état des autres , usés jusqu'à la corde , on ne peut plus lisses . Bien entendu , il n'y a pas de roue de secours , le chauffeur placide n'a qu'une solution à proposer , attendre l'éventuel passage d'un véhicule de la compagnie avec l'improbable espoir d'une roue de dépannage.

     J'avise une pierre plate sur laquelle je me laisse choir , Christian et les autres viennent m'y rejoindre , nous nous serrons les uns contre les autres à la recherche d'un peu de chaleur , je claque des dents incapable d'articuler un mot , Christian souffle dans ses doigts collés à sa bouche. Sur une pierre voisine , un petit couple de Français à la Peynet se tient tendrement enlacé , le nez en l'air.....les yeux perdus dans l'immensité céleste , le garçon promène son bras tendu vers les étoiles :

    "Regarde chérie , l'étoile là-bas , celle qui brille plus que les autres.....c'est Betelgeuse.. !! "

    Christian sursaute , enlève ses mains de sa bouche , se fend d'un large sourire et part d'un formidable éclat de rire tonitruant et communicatif....bientôt le fou-rire est général , les deux nous regardent médusés , sans comprendre tandis qu'entre deux hoquets , les larmes aux yeux , mon voisin répète :

    -Betelgeuse...Betelgeuse...

    Bien longtemps après...de retour dans nos foyers , le simple fait d'évoquer l'étoile nous mettait de bonne humeur , quand au malheureux astronome amateur il s'est immédiatement vu affublé d'un surnom étoilé qui je l'espère pour lui n'aura pas dépassé le cadre du voyage.

     

     


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